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Nouveau regard sur la nativité


(Extrait du chapitre « Nouvelle nativité » dans L’Amour scientifié, p. 145-146 (1ère édition), repris dans la biographie officielle de Michel Odent pages 46et 47, Michel Odent, passerelle entre le passé et l'avenir de Victorine Meyers, Éditions l’Instant Présent, 2020)


Un nouveau-né entre un âne et un boeuf : beaucoup partagent

aujourd’hui cette image simplifiée de la Nativité. Ma propre image de

la Nativité est inspirée par ce que j’ai appris des femmes qui mettaient

au monde leur bébé dans l’intimité complète, sans se sentir guidées ou

observées. Elle est aussi influencée par l’Evangelium nomine Iacobi minoris,

c’est-à-dire le proto-évangile de Jacques le Mineur [10]. Cet évangile a été

sauvé de l’oubli, au milieu du 19e siècle, par le mystique autrichien Jacob

Lorber, auteur de L’Enfance de Jésus [11]. Selon ces textes, Joseph partit à la

recherche d’une sage-femme.

Lorsqu’il revint avec la sage-femme, Jésus était déjà né. C’est seulement

lorsqu’une lumière éblouissante s’est atténuée que la sage-femme s’est

trouvée face à une scène incroyable : Jésus avait déjà trouvé le sein de sa

mère ! La sage-femme se serait alors écriée : « Qui a jamais vu un enfant

à peine né saisir le sein de sa mère ? C’est le signe évident que cet enfant

devenu homme, un jour jugera selon l’Amour et non selon la loi ! »

Le jour où Jésus fut prêt pour sa venue au monde, Marie reçut un message

– un message d’humilité. Elle se retrouva dans une étable, parmi d’autres

mammifères. Sans mot dire, ses compagnons l’aidèrent à comprendre

qu’en la circonstance, il lui fallait accepter sa condition de mammifère.

Il lui fallait surmonter son handicap d’être humain et se débarrasser de

l’effervescence de son intellect. Il lui fallait sécréter les mêmes hormones

que les autres mammifères lorsqu’ils mettent au monde leurs bébés, en

faisant agir la partie primitive du cerveau que nous avons tous en commun.

La situation était idéale pour que Marie se sente en sécurité. Le

« travail » a pu s’établir dans les meilleures conditions possibles.

Ayant perçu le message d’humilité et accepté sa condition de

mammifère, Marie s’est retrouvée à quatre pattes. Dans une telle posture,

et dans l’obscurité de la nuit, elle s’est facilement coupée du monde.

Peu après sa naissance, le nouveau-né Jésus était dans les bras

d’une mère extatique, aussi instinctive qu’une mère mammifère venant

d’enfanter peut l’être. C’est dans une atmosphère véritablement sacrée que Jésus fut accueilli et qu’il put, facilement et progressivement, éliminer

les hormones de stress qu’il lui avait fallu sécréter pour naître. Le corps

de Marie était bien chaud. L’étable elle-même était chaude grâce à la

présence d’autres mammifères. Instinctivement, Marie couvrit le corps de

son bébé avec un vêtement qu’elle avait sous la main. Elle était fascinée

par les yeux de son bébé et rien n’aurait pu la distraire de l’intense

croisement des regards qui s’établit. Ce croisement des regards lui permit

d’atteindre un autre pic d’ocytocine, ce qui provoqua une nouvelle série

de contractions utérines qui envoyèrent vers le bébé un peu d’un sang

précieux accumulé dans le placenta. Bientôt le placenta fut délivré.

Mère et bébé se sentaient en sécurité. Au début, Marie, guidée par la

partie du cerveau que nous partageons avec tous les mammifères, était

à genoux. Après la délivrance du placenta, elle se mit sur le côté, avec

le bébé près de son coeur. Soudain, Jésus commença à tourner la tête

tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche et finalement ouvrit la bouche

en forme de O. Guidé par son sens de l’odorat, il se rapprocha de plus

en plus du mamelon. Marie, qui était encore dans un équilibre hormonal

particulier, et donc très instinctive, savait parfaitement comment tenir

son bébé et fit les gestes nécessaires pour l’aider à trouver le sein.

C’est ainsi que Jésus et Marie transgressèrent les règles établies par les

néocortex de la communauté humaine. Jésus – un rebelle paisible défiant

toute convention – avait été initié par sa mère. Jésus téta longtemps et

vigoureusement. Avec le soutien de sa mère, il sortit victorieux d’un des

épisodes les plus critiques de sa vie. En quelques instants, il s’était adapté

à l’atmosphère et avait commencé à utiliser ses poumons, il s’était adapté

aux forces de la pesanteur et aux différences de température et il était

entré dans le monde des microbes.

Jésus est un héros ! Il n’y avait pas d’horloge dans l’étable. Marie ne

chercha pas à savoir combien de temps Jésus était resté au sein avant

de s’endormir. La nuit suivante, Marie n’eut que quelques épisodes de

sommeil léger. Elle était vigilante, protectrice et soucieuse de satisfaire les

besoins de la plus précieuse des créatures terrestres.

Les jours suivants, Marie apprit à sentir quand son bébé avait besoin

d’être bercé. Il y avait un tel accord entre eux qu’elle savait parfaitement

adapter le rythme du bercement à la demande du bébé. Tout en berçant,

Marie se mit à fredonner des mélodies et ajouta quelques paroles.


[10] Proto-évangile de Jacques XIX 2, cité dans : Jésus, Jean Paul Roux, Fayard, Paris, 1989, p. 100.

[11] Jacob Lorber, L’Enfance de Jésus ou l’évangile de Jacques, chapitre 16, éditions Helios, Genève, 1983. Titre original : Die Jugend Jesu, Stuttgart, 1852.

Merci de citer les sources indiquées en haut de la page pour tout reprise de l'extrait, ce texte est soumis au lois sur la propriété intellectuelle, copyright Éditions l'Instant Présent.


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